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Depuis l’arrivée récente dans notre pays de nouveaux médicaments pour aider à perdre du poids et de la masse grasse, de nombreuses questions sont posées par les patients pour savoir si ces traitements permettent de perdre efficacement de la graisse corporelle et de stabiliser le nouveau poids acquis après amaigrissement lorsque l’on arrête le médicament.
Il s’agit d’incrétines, des hormones naturelles libérées par l’intestin en petite quantité et rapidement détruites par l’organisme. Elles vont agir sur la diminution de la glycémie et diminuer également la sensation de faim et augmenter la satiété.
Tout commence en 2015 avec la mise sur le marché d’un médicament efficace contre le diabète de type 2, le Sémaglutide commercialisé sous le nom d’Ozempic qui s’injecte par voie sous-cutanée une fois par semaine comme les médicaments que nous allons décrire ci-dessous.
La molécule active dans ce médicament est une GLP-1 (glucagon-like peptide) qui est dérivée de l’hormone intestinale naturelle dont nous venons de parler, une incrétine. C’est pour cette raison qu’elle va se nommer agoniste (ayant les mêmes effets) de la GLP-1.
Très vite, le laboratoire danois Novo Nordisk qui commercialise cette molécule, s’aperçoit que les patients diabétiques soumis à ce traitement perdent du poids de manière importante sur le long terme. L’explication en est que le médicament est un coupe-faim agissant également sur le système nerveux central. Son succès est tel que son indication anti-diabétique est de plus en plus détournée par ceux qui veulent perdre un peu de poids.
Un dérivé est alors développé avec une indication spécifique pour traiter l’obésité: c’est le Wegovy ou Sémaglutide (la même molécule que l’Ozempic). Les dosages de ce médicament peuvent dépasser celles données à la personne souffrant d’un diabète. En effet la dose maximale dans l’indication diabète est de 1 mg, mais passe à 1,7 voire 2,4 mg dans l’indication du surpoids avec complications métaboliques ou de l’obésité. Ce médicament permet de perdre, chez certaines personnes jusqu’à 12 % du poids initial.
Le laboratoire américain Eli Lilly commercialise une autre molécule le Tirzépatide sous le nom de Mounjaro. Ce produit associe deux incrétines, un analogue du GLP1 et une GIP (glucose-dependent insulinotropic polypetide). Ce produit a un effet supérieur à celui du Wegovy pouvant atteindre une perte de poids de 15 à 17% du poids initial.
Enfin une troisième molécule en devenir est un triple agoniste GLP-1/glucagon-R/GIP-R. Pour vous donner une idée de son efficacité, ce produit administré sur une durée de 20 jours à des souris rendus obèses par un régime gras, a provoqué une perte de poids de 26% en comparaison avec une perte de poids de 10% dans le groupe traité avec un double agoniste des récepteurs GLP-1/GIP. Il sera surement aussi efficace chez l’homme qu’il l’est chez la souris !
Il existe un double effet de ces médicaments : le bénéfice induit par la réduction pondérale (amélioration de la glycémie, diminution du diabète…) et des effets spécifiques liés au produit lui-même. (amélioration de l’état cardio-vasculaire et cérébro- vasculaire avec une nette diminution des accidents cardiaques et cérébraux, une diminution de l’état inflammatoire et une amélioration des fonctions rénales).
En France le Sémaglutide (analogue du GLP-1) n’existe que sous forme injectable, mais il existe déjà des formes orales dans certains pays.
Les médicaments anti-obésité proposés jusqu’à récemment étaient soit toxiques ou peu efficaces. Un certain nombre de scandales comme celui du Médiator (benfluorex) responsable de complications cardiaques ont arrêté leur diffusion. D’autres molécules comme le Rimonabant (Acomplia) ou la sibutramine (Sibutral) ont montré un rapport-bénéfice/risque insuffisant et leur diffusion sur le marché s’est arrêtée rapidement.
Un essai clinique a montré que le Wegovy réduit également de 20% les risques cardiovasculaires des obèses. Et c’est la première fois que l’on trouvait un tel bénéfice à un produit médicamenteux pour maigrir.
Une autre raison est que l’Ozempic (Sémaglutide) est prescrit depuis plus de 10 ans et que le bénéfice-risque de ce produit est très favorable à sa prescription et à sa notoriété.
Enfin, il existe une augmentation continue de la fréquence de l’obésité dans le monde. On prévoit en 2035, 1,9 milliard de personnes souffrant d’obésité.
Ces produits font maigrir, mais ne permettent pas à leur arrêt de stabiliser le poids, car on retrouve la sensation de faim ou de désir de sucre que l’on avait avant de commencer le traitement. En revanche, dans le diabète certains patients prenant du Sémaglutide depuis plus de 10 ans à la dose de 1 mg stabilisent leur poids après amaigrissement, tout en continuant de prendre ce médicament.
Dans l’obésité, il faut souvent des doses supérieures à celles prescrites dans le diabète. Personne ne connaît aujourd’hui les effets secondaires possibles d’une utilisation prolongée des doses de 1,7 ou 2,4 mg de Sémaglutide ou du Tirzépatide quelle que soit la dose.
Les effets secondaires touchent le plus souvent la sphère digestive avec des nausées (44% des patients), des vomissements (24,5% des patients), des diarrhées (30% des patients), de la constipation (24,2% des patients) et des douleurs intestinales lancinantes. Elles peuvent durer deux à trois jours, mais parfois plus longtemps. Elles peuvent survenir à n’importe quel dosage utilisé. Parfois elles arrivent 1 à 2 jours après l‘injection ou même plus tard. Chez la plupart des patients, elles disparaissent relativement rapidement : la durée médiane des nausées est de 8 jours, des vomissements de 2 jours, de la diarrhée 3 jours et pour la constipation de 47 jours.
Le reflux gastro-œsophagien est assez est fréquent avec des éructations d’odeur d’œufs pourris forts désagréables.
Pour lutter contre les conséquences de ces effets secondaires on utilise des médicaments adaptés.
Une complication rare ; la pancréatite aigüe avec une fréquence de 1/100 à 1/1000 et qui se caractérise par une douleur qui traverse l’abdomen de l’avant à l’arrière et qui persiste. Un contrôle biologique montre une lipase augmentée et confirme le diagnostic. Cette complication oblige l’arrêt du traitement et empêche la réintroduction du médicament.
Un autre effet secondaire est une sensation de fatigue pouvant durer plusieurs jours à plusieurs semaines.
Il est impossible de prévoir qui souffrira d’un effet secondaire et à quel moment il apparaitra. Cependant les effets bénéfiques du produit sur la perte de poids sont si importants que les effets secondaires sont acceptés.
Chaque personne réagit différemment à ce type de médicament.
Il existe des non-répondeurs qui, malgré l’augmentation progressive de la dose de médicaments injectés, ne ressentent pas les sensations de diminution de la faim, d’augmentation de la satiété et de réplétion gastrique. Ils sont heureusement très peu nombreux.
D’autres personnes seront de très bons répondeurs. Une dose minime de produits entraînera une diminution importante et rapide de la faim et une augmentation brutale de la satiété.
Entre les deux, se trouvent les répondeurs moyens, les plus nombreux, qui bénéficieront des effets positifs du médicament à une dose qu’il est impossible de prévoir au début du traitement. Il faut parfois atteindre la dose maximale pour que les effets attendus se fassent sentir.
Il est donc impossible de prévoir avant le traitement, pour un patient donné, son type de réactivité.
C’est une question fréquente que l’on retrouve en consultation : combien de temps devrais-je prendre ce médicament ?
Les doses de médicaments que l’on s’injecte se font très progressivement, on augmente les doses mois par mois et on arrive à la dose maximale entre 5 et 6 mois après le début du traitement. L’amaigrissement ne commence donc pas immédiatement. Il faudra environ un an pour constater les effets importants sur la perte de poids, ce qui représente un investissement financier conséquent puisque selon les doses de médicaments les prix varient de 200€ à 400€ par mois. Rappelons que pour le moment il n’existe pas de remboursement par la sécurité sociale ou les mutuelles.
Parfois il est nécessaire de continuer le traitement plus longtemps pour bénéficier à plein de l’effet amaigrissant du produit.
La diminution de la faim et l’augmentation de la satiété entraînent chez certains patients une perte d’appétit importante pouvant créer une dénutrition et des carences en vitamines et minéraux.
Il est prudent de noter pendant quelques jours ce que l’on mange afin de faire contrôler par son médecin si la quantité alimentaire consommée est suffisante pour nourrir correctement son corps.
Si on suspecte ou si on détecte par une prise de sang des carences ils faut les compenser à l’aide de suppléments vitaminiques et minéraux. La quantité de protéines consommées quotidiennement doit être au minimum de 0,8 grammes par kilo de poids.
À l’arrêt du produit, la faim revient et les quantités alimentaires que l’on consomme augmentent progressivement. D’où l’importance d’être suivi d’un point de vue nutritionnel pour éviter une reprise de poids.
L’une des solutions est peut-être de suivre une alimentation équilibrée et adaptée à chacun, tout en continuant à consommer des aliments plaisir avant de commencer le traitement médicamenteux et de reprendre cette alimentation au moment de l’arrêt du médicament.
Il est cependant possible de reprendre le traitement médicamenteux pendant quelques semaines ou quelques mois si l’on constate que le poids augmente de manière incontrôlable.
Personne ne peut aujourd’hui répondre à cette question. Avec le Semaglutide (Ozempic et Wegovy) il existe un recul d’une quinzaine d’années chez les personnes présentant un diabète. Aucun effet secondaire grave n’a pu être constaté. Mais la dose maximale utilisée est de un milligramme alors que pour lutter contre le surpoids on peut aller jusqu’à 2,4 mg. Pour cette dose, nous n’avons pas un recul suffisant sur de nombreuses années pour affirmer l’innocuité de ces médicaments.
Pour le Tirzepatide (Mounjaro) nous avons encore moins de recul sur l’utilisation de ce produit pour une durée très prolongée
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